Malédiction gitane

Ça m’est venu brutalement, comme ça, une sorte d’inspiration divine qui m’a frappé alors que je cherchais la lumière dans un labyrinthe de perplexité. Je n’aurais pas laissé une telle idée poindre sans un minimum de recoupements scientifiques éprouvés mais la conclusion est sans appel : on subit une fatwa, une malédiction, un ensorcellement ou un envoûtement,… Lisez-le comme vous voulez, selon l’endroit du monde où vous vous trouvez, mais il n’en demeure pas moins qu’une personne nous en veut clairement.

C’est là où mon esprit synthétique a été franchement utile, car j’ai trouvé ! Tout a commencé lorsque nous étions à Grasse avec le Covid qui m’est tombé dessus, lâchement, sans que je puisse me défendre, moi qui ne suis pas du genre à avoir des problèmes de santé. Du coup, forcément, le fourbe qui a lâché toute sa magie sur nous a dû le faire pour une raison antérieure. Et là, il nous reste le Liban, Paris ou Bordeaux dans le champ des possibles.

Bon, le Liban est exclu car, franchement, je crois que l’envoûtement se dirigerait plus volontiers sur les hommes politiques de ce pays que sur nous.

À Paris, on n’a fait que dormir, boire des coups et faire des bisous, donc c’est peu probable…

Il reste Bordeaux… En cherchant bien, j’ai eu l’idée lumineuse : Kendji Girac ! Dès notre arrivée chez nos potes, je me suis mis à chantonner cet air entêtant qui avait accompagné notre long trajet sur l’autoroute A10 : Évidemment.

Comme je suis sympa, je vous mets le lien car ceux qui n’écoutent que des chansons de qualité ne doivent absolument pas savoir de quoi je parle :

Le premier soir chez nos chers amis quebeco-tuniso-basquo-bordelais, je lance donc un débat pour me mettre en quête de sens des paroles de cette chanson : je ne la comprends pas, je la trouve navrante, niaise, bref … c’est de la merde !

Mais comme Pierre est un basque à la voix d’or , nous n’en sommes pas restés là et nous avons fait une version toute personnelle de ce titre, à base essentiellement de  »évidements  » hurlés à la Lune, et de « pas donné, pas donné » à tout bout de champ ( je devrais d’ailleurs dire à tout bout de chant), accompagnés de paroles rimant vaguement avec notre inspiration du moment. Ça nous a bien fait rire et nous avons passé notre semaine à lancer régulièrement un « évidemment » , entraînant immédiatement une réaction ulcérée accompagnée d’une fuite des filles de la maison, encourageant bien sûr la jubilation de nos exploits vocaux avec des accents le plus sud-ouest possible 😀 …

Je ne vous ferai pas le plaisir de vous passer nos enregistrements du bout de la nuit, il y a des gens qui payent cher pour cela, et notre album est en production, basé sur ces titres du moment se ressemblant en tout point, toujours composé d’un refrain entêtant à grand renfort de violons et chœurs débiles et, surtout un sens quasi-absent des paroles (les murs porteurs, j’y vais, Carroussel, …). On va faire un carton, c’est sûr, mais on a peut-être manqué un peu de discrétion en chantant celà à tue-tête dans les rues de Bordeaux , il est clair qu’un membre de la communauté gitane ou du fan-club du bellâtre a dû remarquer nos douces voix.

Car depuis, nous sommes dans un petit canoë sur les chutes du fleuve Victoria et on se demande quand ça va s’arrêter. Dans l’ordre : Covid pendant 3 semaines, la polyarthrite qui se rappelle à moi et m’handicape depuis notre arrivée au Liban, Marie et moi qui souffrons depuis une semaine d’une gastro terrible qui oscille mais nous épuise tant elle est violente, puis Elise atteinte elle aussi depuis deux jours à son tour … Ça commence à bien faire et voilà que c’est Baptiste qui est durement touché par un genou déboité au rugby avant-hier, on ignore encore si les ligaments sont touchés.

Là, tu vas trop loin Kendji ou qui que vous soyez ! Je vous demande de vous arrêter … je vous demande de vous arrêter ! On ne touche pas les gosses et leurs yeux de biche (pour Elise) et de Chat Potté (pour Baptiste), sinon où va-t-on ?

Alors, Kendji, je sais, on s’est bien foutu de cette chanson mais c’était bon enfant , c’était le bonheur d’être ensemble et de chanter jusqu’au bout de la nuit. Je te promets, la prochaine fois, on s’attaquera à du Brel, du Saez, du Léo Ferré, des trucs un peu moins triviaux … on pourra même s’attaquer à des polyphonies corses (Pierre, dans l oreillette, me souffle : « pas les corses, pas les corses « ). Oui, c’est pas une bonne idée dans le contexte actuel si on ne veut pas plonger plus bas… je suis sûr qu’on pourra trouver un terrain d’entente mais s’il te plaît, il faut que ça cesse !

Vous comprendrez que, niveau photo, on est un peu limités, surtout pour la gastro … en dehors de quelques sprints qui mériteraient un beau cliché. On a documenté le passage de notre loulou aux urgences qui garde le sourire, malgré la douleur.

Allez, Kendji, tu as fait passer ton message, restons-en là, car, supporter tout ça, c’est pas donné, pas donné … mais on tente de garder le sourire…. évidemment.

Le plus dur reste quand même de supporter de vivre sans la victime la plus innocente de cette terrible vengeance : notre télé ! Du coup, on a sérieusement du mal à voir quoi que ce soit sur notre moniteur 21 pouces qui sert de remplacement 🙂 . Marie a même confondu l’équipe de France de foot avec celle de cécifoot aux JO paralympiques (foot pour aveugle) . Il faut dire, qu’avec leur niveau de jeu du moment, c’est un peu pareil !

Y a pas à dire, il faut de toute urgence faire intervenir notre sorcier vaudou !

À bientôt … j’espère (dès qu’on en sera sorti !! )