Il m’était difficile de revenir vers vous ces derniers temps face à la lente et progressive dégradation de la situation à la frontière israélo-libanaise. Je ne voulais pas vous raconter un quotidien assez déprimant car, depuis le 7 octobre, le Liban est la triste victime collatérale des tensions grandissantes qui agitent la région. Les provocations israéliennes et du Hezbollah vont crescendo et, par ricochet, impactent la vie libanaise.
Du point de vue français, ces évènements limitent notre liberté de mouvement un peu plus qu’à l’accoutumée car, pour rappel, en tant que personnel diplomatique, nous sommes limités à environ la moitié du territoire depuis notre arrivée au Liban (les zones rouges nous sont interdites avec la menace du poste diplomatique d’un retour en France en cas de problème, toujours très aidante l’ambassade …).
Depuis octobre, les consignes sont d’éviter de descendre en-dessous de Damour, et même parfois de sortir de Beyrouth dans un flou général alimenté par une absence flagrante de communication du Consulat comme je le décrivais déjà dans un autre article ( https://schav.fr/le-calme-sourd-de-la-tempete/). Dans ces conditions, nos escapades dans les contrées autorisées se sont limitées à quelques journées au ski.
Depuis quelques semaines, les rares éléments de langage diplomatiques sont passés de « crise » à « guerre » laissant peu de place à l’espoir d’une amélioration. Nos collègues exerçant à Nabatiyé vivent des exercices quasi-quotidiens de mise en sécurité des élèves, les murs qui tremblent sous les explosions des tirs israéliens et les bris de vitres dus à la chasse aérienne de ce pays. Les viols de l’espace aérien libanais sont légion depuis 2006 (plus de 33 000 au mépris des traités internationaux et de la présence de la force d’interposition de la FINUL) et le nombre de victimes des bombardements au Liban depuis novembre s’élève à 200 dont 50 civils (les autres sont membres du Hezbollah et 3 journalistes). La grande majorité du peuple libanais subit cette fuite en avant permanente avec inquiétude en étant plutôt hostile au Hezbollah, mais aussi très solidaire du sort des civils palestiniens, la situation est donc plutôt complexe.
Malgré cela, la vie à Beyrouth est complètement normale et il est difficile d’y sentir une tension quotidienne, sauf en discutant un peu avec les gens. Cette menace constante est difficile à vivre pour nous et les tourments perpétuels de ce pays nous pèsent. Élise avait obtenu un stage de première année au service de communication de l’Université Américaine de Beyrouth, nous l’en avons dissuadée car nous savons que tout peut partir en vrille très vite et que la menace est de plus en plus forte.
L’escalade de la région ces derniers jours et de la nuit dernière me contraint à un récit bien plus grave que celui que j’espérais initialement vous conter : notre magnifique voyage de deux semaines à Oman. Nous en sommes rentrés hier soir juste avant que l’espace aérien libanais ne ferme à une heure du matin, comme plusieurs de la région.
Nous avons avons entendu deux détonations assez fortes cette nuit et nous attendons comme tout le monde fébrilement la suite des évènements en espérant que le calme revienne. Ce n’est malheureusement pas la tendance envisagée ici puisque beaucoup de gens se sont rués dans les stations service cette nuit pour faire des réserves d’essence et de gaz … même si la rue est très calme aujourd’hui.
Du côté du Consulat, à la suite des déclarations du ministre qui interdisait à tout fonctionnaire d’effectuer une mission au Liban, aucune information officielle ni consigne sur notre retour au Liban… Pire : on a reçu un message non officiel transféré de WhatsApp, dont je ne connais pas l’auteur, répondant aux nombreuses sollicitations des détachés français dans l’Education. Ce joli message ci-joint nous demandait de ne pas appeler directement le Consulat (qui a beaucoup de choses à faire par ailleurs – il est vrai que la situation sécuritaire des expatriés non diplomatiques reste un détail) mais d’appeler une personne qui est en congé bien mérité ! On croit rêver, non ?
Allez, que tout le monde se rassure, avec nos services consulaires, Poutine, Khamenei, Trump, Netanyaou, Milei et les autres, on est entre de bonnes mains ! Je vais plutôt croiser les doigts et me pencher sur mon article de nos vacances omanaises, ça sera au moins aussi efficace et, surtout, ça va me faire du bien…
Hello les schav bon pas de nouvelles catastrophique cela rassure un peu même si depuis mon autre côté de votre monde y’a un peu d’inquiétude
Gardez-vous bien et profitez quand même
Bisoux
Thierry
Content de voir que vous gardez le moral en dépit d’une situation bien compliquée.
Bisous
Stef
Salut vous 2
Effectivement, on a lu des posts plus joyeux et parsemés de clins d’œil humoristiques. Mais la période actuelle n’y pousse clairement pas.
Votre proximité géographique avec ces événements renforce votre sentiment d’insécurité ou d’inquiétude.
Il y a vraiment des c… parmi ceux qui ont le pouvoir… tu en cites quelques uns…
Que vous dire de plus si ce n’est de prendre soin de vous et de profiter de vos libertés même si vos déplacements sont limités.
Bises à vous 2
Manu