Le Liban est un pays de contraste, d’exagération … Il paraît qu’on ne s’y habitue jamais vraiment. Par exemple, ce matin, un petit orage matinal nous a sérieusement secoué après 2 mois sans une seule goutte. On s’attendait à une petite averse car la météo l’avait prévu mais pas à un orage d’une telle puissance, éclairs et tonnerre dans tous les sens. Marie s’est même réveillée en sursaut en pensant à une explosion. Y’a pas à dire, ils ne savent pas faire simple et discret, ici ! Du coup, je ne sais pas si c’est l’effet psychologique du 19ème étage ou la confiance relative dans les paratonnerres libanais, mais je n’étais pas hyper-serein, alors que j’aime bien l’orage. On s’est d’ailleurs fait la réflexion qu’on n’avait pas eu d’orage du tout pendant nos 5 années en Californie, hasard ou bien phénomène météo ? Toujours est-il que je sens que je vais peut-être me rendre compte que je suis devenu trouillard face au tonnerre avec l’âge et surtout les étages.

Ça a un peu calmé mes projets car je me suis remis en tête de faire du parapente, et une telle violence soudaine m’a refait me plonger dans mes bouquins (si si ! ) d’aérologie :  » Que faire quand tu es pris dans un orage ? ». À priori, il faut prévoir avant … Bon, un décollage depuis ma terrasse semblant exclu , à part pour Thierry, le bon endroit pour faire ça, est la baie de Jounieh, à 30 minutes en voiture de la maison. Ça fait plusieurs fois que je vois ces parapentistes jouer avec les reliefs favorables du Liban : une chaîne de montagne assez haute proche de la mer avec de la chaleur : tout est réuni pour jouer avec les thermiques toute l’année et rester des heures en l’air. J’avais bien tenté de continuer ma formation aux US mais la difficulté de la langue (via le talkie, en français, c’est pas toujours simple, alors en anglais…), la brusquerie antipathique du prof que j’avais trouvé, les coûts, les assurances et la législation avaient éteint mes velléités après 2 après-midis de pratique près de San José. Pourtant, je me voyais bien me lancer de Yosemite ou survoler le Golden Gate, et j’ai dû ranger la mort dans l’âme mon matériel au fond du dressing. Ici, la perspective de faire un vol Beyrouth-Tel-Aviv ou bien Mont-Liban – Damas a de la gueule et ça réveille des pulsions et mon côté aventurier !! Et puis, vous entendriez parler de moi bien au-delà de ce blog, ça changera :D. Pas d’inquiétude, je ne vais pas me lancer comme ça, je suis sur le coup et je vous tiens au courant prochainement …

Mais parlons plutôt de l’élément déclencheur de cette folie aérienne. Nos amis Carl et Cathia ont perpétué la tradition, bien ancrée à présent, d’être les premiers à nous rendre visite, dans les premières semaines de notre installation. Ils ont réussi à surmonter les délais des tests de Covid et à se glisser dans un avion (Air France bien sûr) avant que la France ne reconfine. Maintenant que Carl a mis fin à sa brillante carrière, ils ont du temps et la ferme intention de bien l’occuper. Le Liban pourrait être une destination fréquente pour eux , il faut dire que montagne, ski, mer, bonne bouffe et prix bas sont des arguments de poids …

Ils ont passé 6 jours à Beyrouth et Byblos, arpentant la ville de long en large pendant que nous finissions notre période scolaire (un peu sur les rotules de mon côté). Nous avions décidé de profiter du mardi précédent les vacances et leur départ, pour nous enfuir de la ville et monter à l’assaut de Harissa. Son nom évoque pour moi la sauce du couscous un peu piquante, alors que la Harissa du Liban n’est que douceur et sérénité. C’est à 40 minutes en voiture au nord de Beyrouth, si le trafic s’avère favorable.

Je finis mes cours à 9h30 le mardi (on commence les cours à 7h40 pour les mauvaises langues s’étonnant de lire que je termine quand ils commencent), nous décidons de partir juste après puisque j’ai magnanimement annulé la réunion de coordo hebdomadaire sous un prétexte falacieux, qui a cependant parfaitement convenu à mes 10 collègues féminines. Hop hop hop, nous voilà partis en taxi en direction des grottes de Jeita. On y arrive en moins d’une heure et on constate assez rapidement qu’il n’y a pas foule. C’est la fin de saison ici, mais comme il n’y a pas de touristes internationaux et que les libanais ne sont pas au rendez-vous, milieu de semaine et crise économique oblige, nous voilà bien tranquilles au milieu de ces immenses grottes bien aménagées, joliment éclairées et avec une immense hauteur de plafond, l’une des plus grande stalagmite au monde s’y logeant parfaitement.

On avait prévu un petit gilet, au cas où, mais la température de 23 degrés dans la grotte se supporte plutôt bien … Tout est bien expliqué, même l’équation chimique expliquant les dépôts calcaires, que ma conscience professionnelle m’oblige à reproduire ici , sous le contrôle de Syl et Steph.

Une interro et un petit tour de bateau sur le lac souterrain plus tard, nous voilà de retour en plein air pour goûter au calme de cette petite vallée fleurie, bien loin de l’agitation de la côte.

Nous sommes dans un bastion chrétien donc on en profite pour nous arrêter au pied de la statue du Christ-Roi qui domine la côte depuis la crête, 1000 mètres au-dessus de l’autoroute côtière. Cela permet à Carl d’enrichir sa collection de photos de statues monumentales de Raizous au gré de ses nombreux voyages. Celle-ci fait 12 mètres et son promontoire la place à 70 mètres du sol.

Mais j’imagine que vous ne voyez pas le lien entre tout ça et le parapente… j’y arrive ! Nous poursuivons la journée par un délicieux repas en terrasse en bord de mer au coeur de Jounieh, pour nous diriger vers le téléphérique qui nous dépose à Harissa après 15 minutes de voyage.

Harissa est dédié à la Vierge, et est d’une spiritualité incroyable, avec une petite musique douce pour encourager les moins croyants à se recueillir.

Les shorts sont proscrits et des robes sont prêtées afin de respecter le lieu. Il faut reconnaître que c’est très réussi et que cela amène à une introspection et une sérénité absolue. Je ne vais pas dire que j’ai été converti mais presque !! Mon athéisme (qui est une vraie provocation au Liban où on ne peut pas concevoir que quelqu’un ne croie en rien). Il faut dire que j’ai été pas mal déconcentré par le parapente qui se déplaçait avec délicatesse, sans un bruit, à quelques mètres au-dessus de nous. La vue, la douce musique, la belle lumière déclinante, le lieu inspirant , j’ai eu une irrésistible envie de me retrouver là-haut comme lui…

La Cathédrale attenante au sanctuaire, dominée par la statue de la Vierge donne une touche très graphique à l’ensemble, et me fait penser à la Cathédrale St Mary de SF dans son architecture.

Les jeux de lumière et de matériaux, les lignes splendides contrastent avec la basilique Saint-Paul tout en rondeur par laquelle nous enchaînons notre après-midi spirituelle, magnifique église byzantine avec un point de vue épatant sur la baie de Jounieh.

Vous voyez à droite la statue de la Sainte Vierge et de la Cathédrale, derrière nous, la Basilique dévoile ses charmes et ses mosaïques exhubérantes.

Il n’y a pas un chat mais il faut dire que la journée touche à sa fin et que les libanais qui ont fait le déplacement ne vont pas jusque-là car il faut un peu marcher …

Le soleil finit par décliner, mettant fin à cette belle journée et poussant les parapentistes à aller se poser au bord de l’eau, quelques centaines de mètres plus bas.

Depuis, Carl et Cathia sont retournés en France afin de se reconfiner et nous nous apprêtons peut-être à vivre le même genre de contrainte, donc on va essayer de profiter de notre semaine pour aller se promener dès demain. Une chose est certaine, si le Liban regorge de nombreux trésors comme ceux-là, nous n’avons pas fini de nous extasier … À plus tard pour une autre belle découverte, peut-être vue du ciel 😉

3 Replies to “Harissa la douce”

  1. Ce sera le défi de ton prochain post : uniquement des photos aériennes… prises pas toi bien sûr! Pas issues d’une recherche Google ! 😁
    Celles-ci sont déjà très jolies et ces lumières nous réchauffent … profitez bien avant cet éventuel reconfinement …

  2. ouf le Christ roi me fait peur ,il va sauter sans la voile.Alors toi,ne l’oublie pas pour ta dernière lubie.Renseigne toi bien avant car si les orages ont une tournure spéciale au Liban, qu’en est-il du vent?il souffle peut-être différement et te détournera sur la Syrie .Et ta promesse? Je balise Ta mère éplorée

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