Ça devait finir par arriver ! On s’en doutait un peu, on se demandait surtout quand, après 2 mois et demi d’une sécheresse quasi-complète. En effet, depuis que nous sommes au Liban, il a plu 5 minutes un jour avec un nuage qui avait mal lu son GPS dans son voyage vers l’Angleterre. Mais là, depuis hier c’est un itinéraire bis de Bison-fûté en plein chassé-croisé estival qui nous tombe sur la tronche. En soit, on se dit que c’est plutôt bon pour les réserves d’eau, pour les nombreuses petites productions maraichères, pour nettoyer les rues un peu crades de Beyrouth, et que c’est même plutôt agréable de remettre un blouson de pluie. Élise attendait ça depuis un moment et voilà donc la pluie qui s’abat en mode déluge sur Beyrouth. Il fait toujours doux (22 degrés), mais l’heure n’est plus à la plage ou au farniente , mais plutôt au fartage des skis et au passage en pneus hiver. Quand je dis ça, c’est un bien grand mot car les pneus libanais me semblent d’une qualité douteuse. Hier, dans une petite montée, j’ai vu un SUV conduite par un type, qu’on va appeler FX pour la clarté du propos, patiner comme s’il y avait 5 cm de neige et ne pas hésiter à se faire une rangée de rétros pour arriver à continuer sa route. Bon, c’est pas qu’un rétroviseur serve à grand chose quand tu conduis au Liban, je dirais même que c’est même plutôt un handicap, un objet qui nuit au coefficient de pénétration dans l’air et une distraction assez dangereuse dans un pays où il ne faut surtout pas regarder ce qui se passe derrière mais plutôt tenter d’anticiper tout ce qui peut t’arriver devant (et ce n’est pas peu dire !). Donc, finalement, en patinant et zigzagant, FX a plutôt fait preuve de civisme en apportant une modification esthétique aux voitures garées malencontreusement au bord de la route … si ça se trouve, il a même fait exprès. De notre côté, on avait prévu d’aller à Carrefour, mais quand j’ai vu ça, je me suis dit surtout qu’on allait essayer de ne pas faire comme FX, tant que nous ne sommes pas assurés vraiment ( oui, le concept du vraiment assuré doit vous échapper, c’est un concept libanais de logique floue mais bien réel). Bon, FX, ça ne lui a pas trop pesé au niveau assurance car il ne s’est pas arrêté, trop occupé à monter la pente, et puis, je ne sais pas si le rétro est considéré comme faisant partie du véhicule ici.

Du coup, nous voilà cloués au sol, ou plutôt, contraint à nous déplacer à pied et ce n’est pas une mince affaire. Les trottoirs sont souvent glissants et j’ai régulièrement affaire à une Marie qui tente des figures de patinage artistique pour amuser la galerie. Si on rajoute une petite pluie là-dessus, on prend vraiment des risques. Quand FX a su ça, pas le libanais mais mon beauf, il a commencé à nous faire un cours sur les gestes à tenir en cas de retournement mais c’est quand même pas la panacée. Alors, on pourrait se déplacer en scooter, mais nos potes tombent les uns après les autres car les routes sont effectivement grasses, et puis la conduite d’un deux roues ici reste très sport. Conclusion : on reste chez nous et on attend Georges.

Et oui, Georges is back … enfin, il est pas tout à fait back encore puisqu’on l’attend depuis hier. Marie l’attend de pied ferme en aiguisant sa plus lourde poële, et moi, je vérifie une à une les jointures des baies vitrées de l’appart’ et je me suis lancé dans la préservation urgente de mes bds à la façon évacuation de la BNF …

Parce qu’en fait, Georges est spécialiste de l’aluminium et donc de l’étanchéité des fenêtres… du coup, il intervient quand il pleut. Mais ça, ça ne ferait pas un boulot à temps plein dans la plupart des pays… au Liban, si!

Et oui, il y a un vrai problème de pente ici. Pourtant c’est assez logique pour n’importe quelle personne ayant réfléchi au principe de l’écoulement de l’eau, mais la technique libanaise consiste à faire des pentes qui concentrent l’eau en un point assez central, qui tient lieu de piscine, et des évacuations placées aux points hauts. L’avantage est que comme ça, on n’a pas de problème si l’évacuation est bouchée … et oui, c’est imparable, pourquoi on n’y a pas pensé avant !

Il existe plusieurs solutions libanaises à cette situation :

  • le ponçage du carrelage dans les lieux posant problème afin de tenter de recréer une pente comme ça s’est produit chez ma collègue Delphine qui n’en revenait pas … au bout d’un moment, il n’y a plus de carrelage, donc il faut probablement recarreler et donc reposer un problème de pente ou le principe du mouvement perpétuel. Comme ça coûte un peu d’argent, c’est une solution alternative mais qui garde de beaux restes ici malgré la crise.
  • la technique « du muret de 2 cm » dans toutes les pièces d’eau qui est plutôt celle adoptée chez nous, ce qui fait que tu dois apprendre à lever le pied si tu ne veux pas perdre un orteil, et qui engendre un bain de pied en préambule à toute douche puisque l’étanchéité est parfaite.
  • la technique dite « du silicone » consistant à gaver le moindre interstice de silicone afin de tenter d’empêcher l’eau de rentrer. Heureusement qu’il n’y a pas de digue au Liban car des armées de gars seraient là pour consolider celles-ci à coup de pistolet … après l’explosion, mon collègue Jacques me racontait son émotion de ne plus avoir son petit artisan qui venait tous les lundis pour remettre un coup de silicone sur les endroits où Jacques avait vu apparaître une fuite pendant la semaine. Malgré la masse de silicone pour faire étanchéité et qui renforçait considérablement l’édifice, ça n’a pas résisté à l’explosion. Elle a dû être changée et Jacques ne verra plus ce petit artisan … si tout va bien !

De notre côté , ce n’est pas la baie vitrée le problème, mais bien la pente avec la piscine qui fait office de terrasse de l’autre côté, et qui fait qu’on a une petite inondation dans la chambre.

Donc Georges va faire son apparition avec un gars armé d’un pistolet à silicone, qui va tenter d’empêcher l’eau de passer sous la fenêtre. Vue la quantité d’eau de l’autre côté, en plein vent dominant, je me dis que ce n’est pas la dernière fois qu’on va voir Georges … du coup Marie a plongé dans une grave dépression et a commencé une psychothérapie en regardant Tanguy à la télé.

Du coup, le maître-mot est la patience en attendant que ça sèche puisque nous avons une autre piscine au-milieu de notre terrasse.

Au pire, on épongera mais je pense que je vais attendre d’abord que Marie en ait fini avec Georges pour essuyer son sang et ses larmes du même coup.

J’espère seulement que ça va aider ma petite femme à remonter la pente …

Bises à tous !

8 Replies to “Histoires de pentes”

  1. Vive les joies de l’approximation, je suis sur que c’est un physicien qui a fait le calcul de pente…
    Sans cela ici l’option majoritaire est la raclette (non on ne mange pas sur le balcon)
    Bon courage

    1. Je te rejoins pleinement sur les physiciens !! Tout est de leur faute !! Hi hi pour la raclette ! D’ailleurs on trouve du très bon fromage ici – Beaufort, comté …

    1. Quand tu veux, on a besoin de petites crevettes pour faire l’extérieur des vitres ;D
      On leur mettra des bretelles
      Bisous

  2. Augmentez la hauteur de la bordure salon/terrasse et gagnez ainsi une vrai piscine en plein air, tout simplement.
    À votre service.

  3. La classe quand même : une piscine à débordement au 19ème étage! Et dire qu’il y en a qui se plaignent!
    Je les trouve ingénieux malgré tout dans leurs solutions. Leroy Merlin n’a qu’à bien se tenir!
    Préviens-nous s’il nous faudra apporter nos brassards, j’ai le vertige ! 😉

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