Nous profitons des nombreux jours fériés du mois de mai (il faut équilibrer les fêtes chrétiennes et musulmanes, donc on n’en finit pas !! ) pour nous balader aux 4 coins du Liban même s’il faut reconnaître que ce n’est pas bien grand et que ce n’est donc pas un exploit.

Il y a un mois, nous avons mis le cap au sud en direction de Tyr. Cette ancienne ville Phénicienne est une source inépuisable de jeux de mots plus ou moins douteux. Du coup, on a lancé une consultation familiale pour décider du titre de ce blog. On a unanimement choisi un hommage à mes abdos définitivement perdus, après un triple confinement meurtrier. Pour les plus jeunes ou les plus anciens d’entre vous, un petit rappel musical s’impose qui lancera un hymne adapté à la fin des divers confinements et une introduction pertinente des images de rêve qui vous attendent dans ce post…

Je sais, vous vous dites : « on dirait Matthieu à ses plus belles années ! » et je me dois de vous répondre que les manouchés, mezzes, burgers et pizzas ont malheureusement enterré ce glorieux passé sous quelques couches de graisse. Il faut me ressaisir et rien de tel qu’un petit week-end sur les plages à l’eau cristalline pour faire disparaître ces bourrelets.

On y est parti avec toute la famille, avec surf, paddle et tout l’attirail du parfait bonhomme prêt à en découdre avec ses abdos. Du coup, la place dans notre voiture a manqué et on s’est débarrassé de notre fils dans la voiture de Christophe et Najah, des collègues arrivés en même temps que nous au Liban qui faisaient partie du convoi. Comme leur fils est un très bon copain de Baptiste, tout le monde était ravi, notre Loulou ayant de plus le privilège de recevoir une leçon d’Histoire durant le trajet d’une heure 30 puisque Christophe est son prof :). Le chapitre a essentiellement porté sur le conflit israëlo-palestinien, l’histoire du Hezbollah et le lien avec l’Histoire de cette zone si complexe, puisque Tyr se trouve à une vingtaine de kilomètres de la frontière d’Israël et est le berceau de ce mouvement socio-politique.

Tout te le rappelle le long de la route avec les drapeaux iraniens et les portraits de Khomeini aussi grands qu’inattendus.

En tant que Français, on n’a pas grand chose à craindre car la mobilisation est dirigée vers le voisin du sud si honni. Il faut comprendre que la guerre est toujours officiellement en cours et que l’existence d’Israël n’est pas reconnue ici, comme on le revit malheureusement ces derniers jours.

Les livres français ne peuvent être utilisés à cause du chapitre sur ce pays et les dons en manuels scolaires d’Histoire-Géographie à la suite de l’explosion du port encombrent l’Ambassade de France. Nous avons même connu une crise diplomatique avec des livres de maths en 5ème car ils contenaient un exercice de symétrie sur le drapeau sioniste. Ça va chercher assez loin mais l’existence même d’Israël est niée sur les cartes routières …

Bref, c’est un endroit où le feu couve et les convois très fréquents de la FINUL (Force d’Interposition des Nations Unies au Liban) sont là pour nous le rappeler.

Pour le coup, la situation étant ce qu’elle est, on pensait trouver une ville assez peu ouverte, d’autant que, même si nous ne sommes plus confiné depuis deux mois (en dehors des restos qui doivent fermer à 21:30), les autorités remettent un petit coup de vis durant les fêtes religieuses et nous nous attendions à trouver peu de monde. Au final, personne ne suit les consignes, ou plutôt, tout le monde fait semblant en fermant les boutiques sauf une porte qui permet d’accéder à tout ;), à la libanaise quoi !

La ville s’est avérée en fait très agréable et paisible avec des petits airs de Côte d’Azur. La mer y est magnifique et on peut se baigner contrairement à Beyrouth où la qualité de l’eau est plus douteuse.

Tyr et sa plage

Le week-end de deux jours s’est très bien passé en alternant entre petites balades dans la ville, visites archéologiques et apéros sur la plage. Le cadre était vraiment très chouette et la vie particulièrement douce.

la plage de notre hôtel

On a passé un excellent week-end vraiment reposant, entre rigolades et baignades (même si la Méditerranée reste un peu fraîche à cette saison. Nous avons profité du trajet retour pour nous arrêter à Saïda, à mi-chemin entre Beyrouth et Tyr, où les souks nous ont réservé un peu d’authenticité et de dépaysement puisque la guerre en a détruit toute trace dans la capitale. On a ressenti bien plus d’Orient dans ces petites ruelles enchevêtrées d’odeur et d’agitation, le Covid n’étant qu’un concept bien abstrait ici. Malgré le Ramadan, la ville était très animée avec le plaisir palpable de profiter enfin de la possibilité de sortir et d’acheter.

cette photo n’est pas de moi …

Ah !! Le Ramadan !! Nous en avons fini mais c’est vraiment un moment fort de la communauté musulmane que nous avons vécu de près puisque nous vivons dans le quartier sunnite de Beyrouth. On a donc eu le droit à un gars qui vient, en pleine nuit, taper sur des casseroles dans la rue et les immeubles afin de réveiller les gens pour qu’ils boivent et qu’ils mangent avant le lever du jour. Ce rôle social est très aimé par les libanais qui lui font des cadeaux au moment de la fin du jeûne. La Corniche devient un lieu de fête et de rencontre une fois la nuit tombée et c’est vraiment ainsi que nous avons réalisé que la vie est vraiment de retour à Beyrouth. L’autre signe notoire du Ramada est le muezzin qui chante à tue-tête bien plus régulièrement qu’en temps normal . Comme on a 3 ou 4 mosquées autour de chez nous, qui ne sont pas à l’unisson, et que, sans ramadan, il y a déjà le chant vers 4h du mat plus celui au lever du soleil, ça vous laisse imaginer notre vécu de cette période musulmane ! Du coup, pour mes abdom, on a décidé de faire le Danmara avec Marie : le même, mais tout à l’envers ! On mange, mais le jour uniquement … je ne vois pas encore l’effet sur mes plaquettes de chocolat mais on est convaincus que ça va marcher, c’est scientifique ! En revanche, on a eu quelques relents d’agressivité envers le muezzin, qu’illustre à merveille ce passage d’OSS117 (oui Sandrine, tu l’avais dit …), d’autant que la chaleur nous contraint à dormir la fenêtre ouverte.

Devant ce qu’on doit appeler communément un échec lamentable du Danmara, on a pris le taureau par les cornes et a décidé de faire un peu de rando en montagne, dans le Chouf, au milieu de la réserve de forêt de Cèdres qui occupe 5% de surface du pays (ce qui paraît beaucoup mais le pays n’est pas bien grand …).

Ça a fait beaucoup de bien de se retrouver au milieu de la Nature et de pouvoir profiter d’une vue magnifique.

La rando est belle, fleurie, les odeurs du printemps omniprésentes et ça nous change un peu de l’atmosphère polluée de la ville. Après l’effort d’une montée compliquée par les kilos superflus, nous sommes allés nous cultiver dans la résidence d’été du président de la République. Ce palais Beiteddine, construit à la fin du XVIIIème siècle, est très bien conservé et illustre à merveille le carrefour culturel que constitue le Liban.

les hammams du palai

Bon, soyons lucide: le bilan de ces efforts violents sur la plage et dans la montagne est médiocre car les kilos fondent douuuuuuucement . Heureusement, la reprise des cours en présentiel va m’empêcher de passer trop souvent devant le frigo et puis, surtout, me bouger un peu (si si, deux heures à s’agiter en classe, c’est physique !). En tout cas, cela fait bien plaisir de revoir un peu de vie dans cet établissement avec les petits bouts de chou en tablier bleu à la queue-leu-leu, des ados qui rigolent, des mathématiques vivantes … bref, la vraie vie ! Il y a même les concerts des élèves (dont Baptiste) à la récré, donc y’a d’la joie !

les 1ères font le show au lycée
et ça répète

Et puis, si cela ne suffit pas, et bien il y a toujours la menace d’une pénurie d’électricité (on commence à comprendre qu’il y a une menace à peu près tous les 3 jours ici et que cela finit par se régler miraculeusement avant le terme annoncé …). En effet, monter à l’appart sans ascenseur (au 19ème étage je le rappelle) pendant une petite semaine serait, à n’en pas douter, une magnifique cure qui me permettrait de retrouver une ligne à peu près décente avant de revoir une partie d’entre vous.

Ça l’est d’autant plus que chaque palier a sa déco plus ou moins kitch, c’est assez rigolo à faire mais je dois confesser que je ne l’ai fait qu’en descente … Bon, c’est parti, je me fais une montée à pied, il me faut faire vite car on arrive le 3 juillet !

À très bientôt