Cet article n’est pas à propos de ce film qui m’avait beaucoup touché quand j’étais ado, du regretté Robin Williams, non il est question de bien autre chose. Ceux qui me connaissent savent quel chasseur je suis . Mon plaisir est de me lever en pleine nuit pour chasser les cafards ou bien, en classe, traquer les élèves tapis dans les fourrés une fausse signature sur leur carnet…Je suis un vrai killer, appâté par l’odeur du sang …

Aussi, quand un copain m’a proposé hier d’aller pêcher le saumon en pleine mer, mon esprit de pêcheur s’est éveillé et mis en ébullition.

Il faut dire, que niveau pêche, j’ai des gènes un peu perturbés … Est-ce que je vous ai déjà parlé de ma mère ?Pour tout vous dire, la pêche, c’est franchement son rayon tant que ça se passe loin de l’eau … le seul truc qui pourrait éventuellement l’amener à monter sur un bateau, c’est s’il y avait des vaches de mer, surtout des Salers de mer. Et comme ça n’existe pas, et bien, elle ne s’approche jamais à moins de 300 mètres de tout point d’eau.

Pour sa défense, elle est auvergnate. Et en Auvergne, à son époque, on était sauveteur quand on arrivait à rentrer dans l’eau jusqu’aux mollets. Résultat : sur sa nombreuse fratrie, aucun ne sait nager. D’ailleurs , ça ne sert à rien puisque tous les cours d’eau sont protégés derrière 3 rangées de barbelés…

Donc mes gènes maternels ne sont pas franchement tournés vers la pêche contrairement à ceux de mon père, si prompt à trouver la moindre occasion pour sortir son fusil sous-marin, absolument passionné par la mer. Il a même acheté une barque pour dresser ses enfants à la pêche sur la mare de 20 m2 dans notre maison de l’Yonne.

Résultat, je dis oui à la proposition, fortement encouragé par Marie, me disant que la mer n’est rien de plus que la mare de l’Orme un peu plus grande, et que je vais bien y trouver une ou deux Salers pour rassurer mes gênes maternels.

Me voilà donc parti à 4h30 du mat pour aller décimer les bancs de saumon du Pacifique sauf que ça ne s’est pas tout à fait passé comme prévu … purée, personne ne m’avait prévenu que sur la mer, il y a des vagues ! Sur ma mare, il n’y avait pas de vagues bon sang !! Alors c’est maman qui avait raison ? Le résultat, vous le voyez venir gros comme une maison : j’ai été malade comme un chien !!! Premier vomi alors que nous n’étions même pas encore arrivé sur la zone de pêche, le temps pour moi de rendre mon léger petit dej… Les potes me rassurent : ça ira mieux après avoir vomi … Sauf que moi, je suis issu d’une famille auvergnate, et quand on est sur un bateau, on ne fait pas les choses à moitié !! La partie de pêche a été bien longue vu mon état, 11 heures de galère à vomir mais rien … juste de la bile ( quoi que je crois avoir vu passer un bout de rein ou ma vésicule biliaire). Le pire, c’est que ça caillait grave et que je ne pouvais m’abriter puisqu’il me fallait de l’air… donc j’étais transi de froid, malade et en plus debout ! Ben oui, la station assise c’est pas idéal pour gérer le roulis … mais qu’est-ce que je suis venu faire dans cette galère à emmerder des poissons en leur vomissant dessus, d’avoir mal aux pattes à force d’être debout, de me geler les miches et en plus d’avoir payé pour ça ?? Ah, si seulement j’avais écouté ma mère !!! Pour compléter le tableau, une petite vieille chinoise avait trouvé le seul à ne pas être obnubilé par les poissons pour me raconter sa vie. Déjà que les chinois qui parlent anglais, ça donne le vertige, mais quand tu as le mal de mer, c’est insupportable ! Au bout 8 heures, je me décide à boire courageusement ma deuxième gorgée d’eau pour éviter de ressembler totalement à un saumon devant la déshydratation qui me menaçait et la voilà qui me dit :

-c’est pour ça que tu es malade, tu bois trop !

-Ecoute la vieille, si je vomis c’est surtout à cause de cette houle qui n’en finit pas, et je me connais, je peux gérer une gorgée de flotte

-non non, pas bon , pas bon

-t’es gentille, ma mère est auvergnate et boire de l’eau, c’est son crédo, donc je sais ce que je fais. Et arrête de me causer sinon je te vomis dessus.

Bon, j’ai bu la gorgée et je l’ai vomis illico, 30 secondes plus tard … font chier les chinoises à avoir raison.

Pour finir, un des marins m’a pris pour un saumon et m’a filé un coup de maillet à la place du dit saumon … pas ma journée je vous dis !! J’aurais dû lui vomir dessus tient, ça lui aurait appris la vie … c’est peut-être le fait qu’il soit armé d’un couteau de 40 cm pour vider les poissons qui m’a retenu ! Avec ma veine du moment, j’aurais pu aussi me prendre un coup de lame sur un spasme mal maîtrisé . Vous pouvez lire la lucidité dans ma réaction paisible face aux gros coup de marteau du bourrin ou bien tout simplement de l’abattement après 8 h de houle qui ont eu le dessus sur mon corps tout entier. A l’heure où j’écris, le canapé tangue encore sacrément et je suis obligé de regarder un documentaire marin pour retenir le contenu de mon estomac devant ma famille, et donc l’image du père.

La preuve est faite, je ne suis pas un marin , ou alors juste d’eau douce … ce qui est déjà pas si mal  pour un issu d’auvergnat. Pour donner un petit côté positif à cette aventure maritime, j’ai quand même vu plein de baleines, sauter, plonger, claquer des nageoires, me faire un check quand j’étais au-dessus de la balustrade à vomir,… bref, sympas les baleines. Il y a aussi eu les dauphins, les phoques, les poissons-lunes … bref, tous ces animaux que j’observerai de la terre ferme à présent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis il y a aussi cette belle vue sur le pont en rentrant, toujours magnifique !

 

 

 

 

 

 

 

Dans les points positifs, il y a aussi le rire de ma femme après l’inquiétude … ces fou-rires dont elle a le secret et qui me font bien rigoler. En effet, vous aurez dans quelques jours un post sur nos vacances avec quelques exploits qui m’on poussé à me demander si je n’avais pas de chance ou si je le faisais exprès .

A ceux qui s’enquièrent du résultat de la pêche, j’ai réussi à avoir un saumon quand même, l’un des 8 pêchés dans la journée par le groupe de 20 personnes à bord. Papa sera fier de moi !

 

A plus

 

5 Replies to “Fisherman”

  1. Est-ce le saumon qui a eu pitié et ne voulait pas que tu rentres bredouille après toutes ces souffrances ? Ou bien ta technique de l’appât au vomi est redoutablement efficace ? 🙂
    Si cela peut te consoler, la règle du temps où je passais certain weekend dans un voilier est qu’au début, tu vomis. Et tu vomis encore. Et puis un jour tu t’arrêtes de vomir. Par contre cela peut prendre du temps d’arrêter. Et que la banane est un aliment qui reste agréable à vomir, donc manger des bananes (et non pas des pommes, quoique je ne sais pas si la pomme est agréable à vomir. Je suis sûr qu’en cherchant bien il doit y avoir une discussion sur le sujet dans un forum de voileux – bref).

  2. (s’il était possible d’éditer ses propres posts, je rajouterai un ‘s’ à « souffrance » et un chapeau à « sur » – mais je ne peux hélas)

  3. Il faut tjs écouter sa maman d’autre part rien n’est dit sur le sort de la pêche miraculeuse
    MARIE t’avais attendu au bord de la berge pour cuisiner la prise miraculeuse ???
    Je suis sûr que sans tes problèmes de genoux tu aurais fait un Tabarli très acceptable sauf pour la coupe de cheveux
    Bon vent

  4. Hello FisherMan,
    Ô toi le pécheur de l’extrême,
    Aurais-tu omis de prendre en compte une variable essentielle pour cette délicate résolution d’équation maritime dans l’ensemble de définition du monde marin ?
    En effet, tes parents ne t’ont pas choisi : nom = Martin dans ton algorithme de naissance !
    Nous compatissons … Surtout Laurence qui t’avait trouvé pourtant bien fringant le matin même à 4h30, et qui se demande si tu n’aurais pas un problème avec l’eau en général au cours de tes vacances… Prudence donc quand tu bois, sous la douche, sous la pluie, etc…
    Pour en finir avec ton aventure navale, tu pourrais tenter de trouver une solution mathématique afin de compenser les ondes mécaniques transversales sinusoïdales perturbées qui se sont jouées de toi au cours de ta partie de pêche.
    En espérant que le « salmon » n’avait pas un « salgoût », et en attendant :
    « Dés que le vent tournera, toi tu resteras,
    Dés que les vents tourneront, tu te calfeutrons « 

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